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Musique classique à l’hôpital : émotions et bienfaits thérapeutiques

Depuis plusieurs années maintenant, de nombreuses associations et de nombreux artistes, prenant conscience de l’importance de la musique dans la vie de personnes que le destin isole, interviennent notamment dans les hôpitaux afin d’aider les malades à oublier quelques instants leur état parfois dramatique. 

A la fin des années 70, le célèbre violoniste Yehudi Menuhin créait à Londres Live Music Now afin de permettre à « de jeunes musiciens talentueux de se produire auprès de public “empêché“ et de permettre à ces artistes de rencontrer un public qu’il n’avait pas l’habitude de côtoyer. » Une antenne existe en France qui a établi un partenariat avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France pour organiser des concerts dans des établissements de santé. 

En 1990, l’association Tournesol voit le jour et programme chaque année dans une trentaine d’hôpitaux près de quatre cents événements avec le concours de plus de deux cents artistes. 

Lyre & Muses créée par la chanteuse lyrique Cécile Eloir propose, elle aussi, avec le soutien d’Alain Duault, son président d’honneur, des concerts auprès des malades.

Esperanz’Arts, association fondée par la violoniste Alexandra Soumm, la pianiste Paloma Kouider et l’altiste Maria Mosconi, œuvre pour apporter la musique dans les écoles, les prisons et les centres d’accueil des sans-abris et naturellement dans les hôpitaux. 

Les Siècles, l’orchestre dirigé par François-Xavier Roth, va également à la rencontre d’un public privé de contacts avec l’art. 

L’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL) consacre une vingtaine de concerts aux malades du CHU d’Angers, de Nantes et du Mans. A chaque fois, des ensembles constitués de deux à quatre musiciens de l’orchestre, donnent des petits concerts dans les couloirs, dans les chambres, dans le salon des familles… 

L’association Jeunes talents agit de même, dans les unités pour enfants de l’hôpital Robert-Debré à Paris, dans celle des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif… 

La musique à l’hôpital aide à la diminution de de l’anxiété et le personnel médical est le premier à constater qu’après les concerts, les malades sont apaisés et acceptent plus facilement les traitements. Alain Duault l’explique très bien : « Assurément, la douleur n’est pas soluble dans la musique : il y faut des soins, des médicaments. Mais la solitude, oui. Quand on souffre, on a le sentiment d’être seul avec sa douleur, l’impression d’être enfermé derrière des vitres opaques. […] La musique brise les vitres grises de l’enfermement sur soi : elle est un partage, un gâteau de l’esprit, un vent de frissons qui, depuis les oreilles, souffle et remonte jusqu’au cœur et l’allège. La musique donne ces ailes qui permettent de voler au-dessus des champs noirs de la solitude et de la douleur. »   

S’il serait fastidieux de citer toutes les structures qui s’impliquent dans une présence musicale auprès des malades, il n’est pas possible d’omettre le travail admirable que réalise depuis plus de vingt ans la violoncelliste Claire Oppert. Tout a commencé à l’adolescence le jour de son premier concert. Alors que la musicienne se reprochait une fausse note à la fin d’un mouvement de sonate, une auditrice s’est approchée d’elle et lui a fait part de l’émotion qu’elle avait ressentie ajoutant que si la jeune fille avait été médecin elle aurait sans doute pu la soigner avec son violoncelle. Quelques années plus tard, Claire Oppert décide d’aider par la musique à soulager les souffrances des malades. En 1997, elle intervient dans un centre pour grands autistes où elle rencontre le psychologue américain Howard Buten qui va la conseiller. Puis elle offre également des prestations dans des hôpitaux et des maisons de retraite. Ce qui est intéressant dans la démarche de Claire Oppert, c’est la coopération qu’elle installe avec les équipes médicales afin d’envisager le plus précisément possible une intervention musicale appropriée. Mais parfois, l’instinct seul la guide. En 2012, dans un EHPAD accueillant les malades atteints de démence, elle entend une patiente crier pour empêcher les infirmières de lui appliquer un pansement. Claire Oppert s’approche et joue un passage du trio op.100 de Schubert. La patiente se calme et les infirmières peuvent reprendre les soins. Alors l’une d’elles se retourne vers Claire Oppert et lui dit « Il faudra revenir pour le pansement Schubert ». Ce sera le titre d’un livre qu’elle écrira en 2020 pour relater ses expériences qu’elle n’hésite pas à qualifier de « thérapeutiques ».

Frédéric Boucher, pour Concerts-Expos, 25 novembre 2022

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Cette entrée a été publiée le 16 février 2023 par .

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