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Intégrale de l’oeuvre pour piano de Reynaldo Hahn par Alessandro Deljavan

Appréciée par Jacques Bonnaure dans le numéro de septembre de Classica, une intégrale des œuvres pour piano de Reynaldo Hahn par Alessandro Deljavan vient de paraître sous le label AEAVA.

Alessandro Deljavan est un jeune pianiste de trente ans d’origine italienne par sa mère et perse par son père. Quasiment inconnu en France malgré plus d’une trentaine de CDs à son actif, Alessandro Deljavan, remarqué par Dimitri Bashkirov (« sa musique est pleine d’une intense puissance ; elle témoigne d’un talent artistique contagieux »), avait fait l’objet récemment de critiques alléchantes aussi bien de la part d’Alain Cochard sur concertclassic.com (http://www.concertclassic.com/article/alessandro-deljavan-inaugure-le-34e-festival-chopin-limagination-au-pouvoir-compte-rendu) que de Frédéric Gaussin dans La Lettre du Musicien. Tous deux, tout en vantant une virtuosité époustouflante, manifestaient leur admiration face à une personnalité musicale forte, originale et intéressante.

Alessandro Deljavan me confiait il y a peu que le projet de cette intégrale Reynaldo Hahn avait vu le jour grâce au directeur du label AEVEA, Alessandro Simonetto. « Je connaissais déjà quelques-unes de ses mélodies et le célèbre concerto pour piano qu’il écrivit pour Magda Tagliaferro. Et naturellement, l’expressivité et la profonde sensibilité de la musique de Reynaldo Hahn m’ont tout de suite conforté dans l’idée que ce projet était fait pour moi. Un aspect très particulier qui m’a particulièrement attiré est en fait l’amour de Hahn pour l’Orient et ses différentes visions d’un objet ou d’un paysage particulier. »

Reynaldo Hahn, compositeur français né au Venezuela de mère espagnole et de père allemand, était une des grandes figures parisiennes de ce qu’il est convenu d’appeler La Belle Epoque. « Admirable mélange d’une intelligence exceptionnelle, d’une rare culture et d’un sens musical quasi unique » selon les termes d’Alphonse Daudet, Reynaldo Hahn était également excellent pianiste, chef d’orchestre (il dirigea Don Juan à Salzbourg en 1906), conférencier et écrivain. C’est pour ses mélodies (il en a composé près de cent vingt-cinq) et ses œuvres lyriques Ciboulette, Le Marchand de Venise qu’il est passé à la postérité tant la voix était son élément, « la voix humaine, c’est plus beau que tout ». Reynaldo Hahn aimait chanter des mélodies tout en s’accompagnant au piano et Marcel Proust dont il était très proche en donne dans ses Chroniques une description romantique « Quand il se place au piano, avec sa cigarette aux coins des lèvres, tout le monde se tait, l’entoure et l’écoute. Chaque note est une parole ou un cri. La tête légèrement renversée en arrière, la bouche mélancolique, un peu dédaigneuse, laisse s’échapper la voix la plus triste et la plus chaude qui soit. Cet instrument de génie, qui s’appelle Reynaldo Hahn, étreint les cœurs, mouille les yeux, courbe l’un après l’autre, dans une silencieuse et solennelle ondulation.»

Il n’est donc pas étonnant que ses pages pour piano reflètent cet amour inconditionnel pour le chant, jusqu’au titre même de son cycle le plus important Le Rossignol éperdu qui comprend, non pas cinquante-trois pièces, mais cinquante-trois Poèmes sans paroles. De ce cycle étonnant composé entre 1899 et 1910 et dont le compositeur avouait qu’il avait été « presque entièrement écrit avec des larmes rentrées », on peut détacher quelques pages particulièrement réussies : Effet de la Nuit sur la Seine (Poème n°24), Per i piccoli canali (Poème n°25), Matinée parisienne (Poème n°28), L’Ange verrier (Poème n°37), Le Réveil de Flore (Poème n°48), Le Pèlerinage inutile (Poème n°53). Alessandro Deljavan me faisait part de son éblouissement devant ces pièces où « l’on trouve un tel éventail d’atmosphères, de couleurs, beaucoup d’idées et des univers très différents, le tout dans un peu moins de trois heures de musique. ».

Les deux autres CDs qui composent de coffret nous permettent d’entendre le reste de la production pianistique de Reynaldo Hahn, notamment les Valses, la Sonatine et deux Etudes, pages qui bien que fort éloignées dans le temps (1898 pour les Valses, 1927 pour les deux Etudes) sont toutes caractéristiques du style de ce compositeur attachant qui détestait l’outrance et l’imposture et aimait par-dessus tout l’équilibre, la modération et l’élégance.

Frédéric Boucher, pour Au bonheur du piano, 6 octobre 2017

Si vous souhaitez plus d’informations sur Reynaldo Hahn, n’hésitez pas à visiter l’excellent site de l’Association Reynaldo Hahn.

 

3 commentaires sur “Intégrale de l’oeuvre pour piano de Reynaldo Hahn par Alessandro Deljavan

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